14ème rapport général du GRETA : les experts du Conseil de l’Europe appellent à un engagement politique plus fort face à des menaces croissantes
Le Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA) du Conseil de l’Europe a publié son dernier rapport général, qui couvre les développements intervenus en 2024 et marque 15 ans d’efforts soutenus pour lutter contre la traite en Europe et au-delà.
El Grupo de Expertos del Consejo de Europa en la Lucha contra la Trata de Seres Humanos (GRETA) ha publicado su último informe general, que abarca la evolución de la situación en 2024 y marca 15 años de esfuerzos sostenidos para combatir la trata en Europa y fuera de ella. El informe pone de relieve que siguen existiendo muchos retos pendientes. Algunos países aún no disponen de planes de acción nacionales para combatir la trata, ni de mecanismos nacionales formalizados para remitir a las víctimas de la trata o de centros de acogida especializados. La aplicación de las recomendaciones del GRETA es desigual, a menudo obstaculizada por la escasez de recursos y la falta de voluntad política o por el hecho de que las recomendaciones no se consideran prioritarias [El texto continúa en francés].
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En 2024, le GRETA a organisé des visites d’évaluation dans 13 États parties à la Convention. Il a publié 12 nouveaux rapports d’évaluation sur des pays (Allemagne, Andorre, Aruba/Royaume des Pays-Bas, Finlande, Hongrie, Italie, Lituanie, Monaco, République tchèque, Saint-Marin, Suisse et Türkiye). Des tables rondes ont également été organisées dans 10 autres pays pour donner suite à ses rapports précédents.
L’adoption par le GRETA d’une nouvelle note d’orientation sur le délai de rétablissement et de réflexion, prévu à l’article 13 de la Convention, qui constitue un élément essentiel dans la protection et l’assistance aux victimes de la traite, a été un moment fort de l’année 2024.
Le rapport annuel du GRETA comprend un chapitre résumant les résultats de 15 années de suivi de la mise en œuvre de la Convention, qui souligne les progrès accomplis et qui met en évidence les défis persistants. Ce travail de suivi a déclenché de nombreux changements positifs, qui se traduisent par une plus grande protection des droits des victimes de la traite.
Toutefois, le rapport souligne aussi que de nombreux défis subsistent. Certains pays ne disposent toujours pas de plans d’action nationaux pour lutter contre la traite, ni de mécanismes nationaux formalisés d’orientation des victimes de la traite ou de centres d’accueil spécialisés. La mise en œuvre des recommandations du GRETA est inégale, souvent entravée par des ressources limitées et par un manque de volonté politique ou par le fait que les recommandations ne sont pas considérées comme prioritaires.
Le GRETA alerte sur le fait que les multiples crises mondiales qui se combinent – conflits, déplacements, difficultés économiques, entre autres – augmentent les vulnérabilités à la traite. Les politiques migratoires restrictives, l’insuffisance des voies de migration légales et les obstacles à l’accès au marché du travail exacerbent le risque d’exploitation, en particulier pour les demandeurs d’asile et les personnes déplacées.
Le rapport met en évidence plusieurs défis majeurs.
Il existe par exemple des lacunes dans l’identification et la protection des enfants victimes de la traite, qui sont souvent assimilés à des délinquants et punis comme s’ils étaient responsables d’actes illégaux. Le GRETA souligne ainsi la nécessité de renforcer les systèmes de protection de l’enfance et d’intégrer des mesures de lutte contre la traite dans les réponses humanitaires.
La traite aux fins d’exploitation par le travail est une menace croissante. Le GRETA exhorte les États à renforcer la protection des droits du travail et des droits sociaux des travailleurs migrants, ainsi que les inspections du travail.
La traite en ligne facilitée par les technologies pose de nouvelles difficultés en matière de détection, d’enquêtes et de poursuites dans les affaires de traite. Le GRETA souligne qu’il est par conséquent essentiel d’investir dans le capital humain et dans les outils technologiques afin de tirer parti du potentiel offert par les technologies pour lutter efficacement contre la traite.
«La voix indépendante du GRETA a contribué à changer les lois et les vies – mais la traite des êtres humains est loin d’être vaincue. Les trafiquants s’adaptent, nous aussi. Face à des menaces croissantes et évolutives, nous avons plus que jamais besoin d’un engagement politique plus fort et d’actions concrètes», a déclaré Helga Gayer, présidente du GRETA jusqu’à la fin de l’année 2024.
Source: GRETA