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Wauquiez détaille les exigences françaises dans l’espace Schengen

lunes, 27 de diciembre de 2010

Le ministre des Affaires européennes développe dans Le Figaro les raisons qui ont conduit la France et l’Allemagne à refuser l’entrée à court terme de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen de «l’Europe sans frontières».

WAUQUIEZ DETALLA LAS EXIGENCIAS FRANCESAS EN EL ESPACIO SCHENGEN. El Ministro de Asuntos Europeos desarrolla en Le Figaro las razones que han llevado a Francia y Alemania para denegar la entrada a corto plazo de Bulgaria y Rumanía en el espacio Schengen «Europa sin fronteras».

LE FIGARO. – Qu’est-ce qui a motivé cette prise de position franco-allemande?

Laurent WAUQUIEZ. – Il n’y a pas d’ambiguïté: la Bulgarie et la Roumanie ont, à terme, vocation à rentrer dans l’espace Schengen. Elles ont accompli toutes deux des efforts importants. Mais faut-il, pour des raisons politiques, avancer à marche forcée? Une telle décision est lourde de conséquences; elle affecte notre sécurité intérieure. Si la Bulgarie et la Roumanie entrent dans Schengen, leurs frontières deviennent les nôtres. Se posent alors deux problèmes qui nécessitent un vrai débat européen. L’un touche la maîtrise des flux migratoires: 75% de l’immigration illégale en Europe passe par cette partie sud-est de l’UE. L’autre a trait à la criminalité organisée: trafic de stupéfiants et d’armes.

Bien sûr, la Roumanie et la Bulgarie se sont équipées, elles ont amélioré leurs techniques de contrôle des frontières. Mais est-ce suffisant? Par exemple, la Roumanie a baissé de 40% les salaires de ses douaniers: ce n’est pas la meilleure garantie qu’ils soient totalement imperméables à la corruption…

Au-delà des aspects techniques, ces deux pays ont-ils réussi à éradiquer la corruption et la criminalité? Un rapport de la Commission européenne souligne des faiblesses persistantes. Schengen fonctionne avec une base de données hypersensible. Si elle tombait entre les mains du crime organisé, ce serait une vraie faille dans notre dispositif de défense et de sécurité européen. Plus l’Europe montre sa capacité à assurer la protection de ses citoyens, plus grande sera l’adhésion de chacun au projet européen.

Est-ce que cette décision constitue une mesure de rétorsion vis-à-vis de la Roumanie, à la suite du contentieux de cet été sur les Roms?

Il est hors de question de faire le moindre lien entre les deux sujets. Nous avons tourné la page des polémiques sur les Roms. Nous avons maintenant une priorité, avec Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie: améliorer leur situation dans leur pays d’origine. Cette question peut trouver une issue positive si l’on en fait un chantier européen.

Quand estimez-vous que la Roumanie et la Bulgarie seront prêtes?

Quand nous aurons toutes les garanties, tamponnées et estampillées, que la Bulgarie et la Roumanie seront venues à bout de la corruption, de la criminalité organisée et que leurs frontières seront bien gardées. Si ces deux pays sont prêts dans un an, cela nous va. Mais s’ils ne sont prêts que dans trois ans, ce sera dans trois ans. C’est même dans l’intérêt de Bucarest et de Sofia, parce que s’ils rentrent sans être prêts, cela affectera leur image et leur crédibilité. Nous proposons d’ailleurs de créer un groupe de travail, le plus large possible, au niveau européen, pour les aider dans cette période.

Leurs réactions vous semblent-elles intempestives?

Non, je les comprends parfaitement. Ce sont des sujets très délicats pour ces pays. Ils ont compris que la porte ne leur était pas fermée. Mais cette porte ne s’ouvrira que lorsque nous serons sûrs de ne pas prendre une bourrasque!

Cette décision signifie-t-elle que l’on est allé trop vite dans l’élargissement, que la Roumanie et la Bulgarie n’étaient pas prêtes en 2007?

Non, je ne le pense pas. En revanche, cette décision vient souligner que désormais toutes les étapes supplémentaires doivent être posées sur des bases solides, sur des critères techniques et objectifs. Il faut arrêter d’avancer à tombeau ouvert. Par le passé, nous avons progressé à marche forcée, alors que tout le monde n’était pas prêt. Parfois même, sans doute, a-t-on accepté des élargissements pour des motifs politiques. C’est une conviction profonde du président de la République.

Va-t-on en tirer des conséquences pour les futurs élargissements?

Ce qui vaut pour l’espace Schengen vaut pour l’entrée dans l’Union. On ne procède pas à un élargissement pour faire plaisir à un pays. Mais parce qu’il est prêt.

La Hongrie prend dans quelques jours la présidence de l’UE. Son premier ministre, Viktor Orban, a fait passer plusieurs lois très contestées par ceux qui craignent une dérive autoritaire. Cela vous inquiète-t-il?

Non. Sur le plan européen, je trouve que les Hongrois ont fait un travail très sérieux de préparation. Ils prennent leur tâche très à cœur, ils ont le souci d’une approche communautaire, et non de défense de leurs intérêts nationaux. À titre d’exemple, ils ont été d’une grande aide pour l’adoption du budget 2011. Donc je suis très optimiste sur cette présidence hongroise. De façon plus large, je pense que la France a intérêt à consolider ses relations avec l’Europe centrale. Ce sera une de mes priorités.

Source: Le Figaro